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Débat Le racisme
LYON
NOUVELOBS.COM | 22.05.2007 | 06:31
Mickaël Tronchon avait agressé deux Français d'origine maghrébine en août 2004 puis, devant l'absence de réactions de médias, avait profané un cimetière juif près de Lyon. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.
la "solitude et la haine" comme moteurs. Jugé depuis lundi 21 mai devant la cour d'assises du Rhône pour les tentatives de meurtre de deux Français d'origine maghrébine et la profanation d'un cimetière israélite à Lyon, Mickaël Tronchon a tenté d'expliquer comment ces sentiments violents l'ont progressivement poussé à commettre ces actes en août 2004 et à les revendiquer sous le nom de "Phinéas", nom d'un personnage biblique à la justice expéditive.
Lors de cette première journée d'audience, les magistrats se sont attachés à la personnalité de ce jeune homme âgé de 27 ans écarté dès son adolescence de sa mère alcoolique, violente et dépressive pour être placé en foyer où il a subi des rackets de personnes d'origine maghrébine.
"Comment en êtes-vous arrivé là? Y a-t-il une suite logique à tout ça?", lui demande le président, Michel Sornay. Les mains dans les poches, l'accusé à la frêle silhouette répond: "La solitude et la haine... A force de fantasmer de tuer des personnes, on finit par le faire".
Evénements du 11 septembre 2001
Le jeune homme explique les différents "déclics" qui l'ont poussé à haïr les personnes d'origine maghrébine au point de vouloir les tuer. A commencer par les événements du 11 septembre 2001. "A cette époque, j'ai commencé à penser que tous les musulmans étaient comme les terroristes", note-t-il. " Mais maintenant je ne le pense plus, c'est totalement ridicule", a-t-il ajouté.
Mickaël Tronchon, qui risque la perpétuité, s'est en effet attaché durant cette première journée d'audience à montrer qu'il avait changé depuis les faits de 2004. "Je suis quelqu'un de bien", a-t-il clamé haut et fort, ajoutant: "Je ne suis pas quelqu'un de violent (...) mais des fois, je n'arrive pas vraiment à savoir qui je suis".
Salut hitlérien
Le 14 août 2004, le jeune homme s'était constitué prisonnier au commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris, en faisant un salut hitlérien et revendiquant les deux agressions et la profanation des 62 tombes juives à Lyon qui avaient à l'époque fait grand bruit dans les médias. Le nom d'Adolf Hitler, des slogans racistes ou antisémites tels que "invasion islamique résistence" (sic), ou des croix gammées à l'envers avaient été inscrits à la peinture noire sur plusieurs stèles.
Le verdict est attendu jeudi soir tard ou vendredi. (AP)