L'UE envisage de créer une "carte bleue" pour attirer la main d'œuvre étrangère qualifiée
LEMONDE.FR avec AFP | 13.09.07 | 13h54 • Mis à jour le 13.09.07 | 15h29
La Commission européenne présentera, le 23 octobre, son projet de création d'une "carte bleue", un nouveau permis de séjour dans l'UE, destinée à attirer les immigrants plus qualifiés, a-t-elle annoncé jeudi. Face au vieillissement démographique de l'UE, "le défi est d'attirer les travailleurs nécessaires pour faire face à des pénuries spécifiques", a déclaré Franco Frattini, vice-président de la Commission, chargé de la justice, de la liberté et de la sécurité, dans un discours à Lisbonne, jeudi 13 septembre, lors d'une Conférence de haut niveau sur l'immigration légale.
Selon Bruxelles, la moitié des immigrés originaires des pays méditerranéens du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, titulaires d'un diplôme universitaire, résident au Canada et aux Etats-Unis, tandis que l'Europe accueille 85 % de ceux qui n'ont pas fait d'études supérieures. Pour renverser cette tendance, M. Frattini propose de créer une "carte bleue européenne", s'inspirant de la "carte verte", sésame pour les immigrants souhaitant aller travailler aux Etats-Unis. L'objectif, selon le Financial Times daté de jeudi, est "d'ouvrir la porte à vingt millions de travailleurs de plus dans les deux prochaines décennies".
"LE DROIT DE TRAVAILLER"
Cette "carte bleue" donnerait aux immigrants "le droit de travailler dans un Etat membre pour une période de deux ans, renouvelable". Après cette période initiale, ils pourraient aller "travailler dans certaines conditions dans un autre Etat membre", ce qui est difficile actuellement, et accumuler ces différentes périodes de séjour pour obtenir le statut de résident de longue durée. M. Frattini estime que ces travailleurs devraient être admis sur la base de "critères communs : contrat de travail, qualifications professionnelles et un salaire clairement au-dessus des salaires minimums".
Il présentera également fin octobre une deuxième proposition de directive pour s'assurer que les immigrants aient les mêmes droits que les citoyens de l'UE, au niveau de la Sécurité sociale ou des conditions de travail.
Dans ces domaines, la Commission sait qu'elle marche sur des œufs, car les Etats ont des besoins différents et sont farouchement attachés à leurs compétences. Les décisions nécessitant l'unanimité des 27, les discussions risquent d'être longues. Selon M. Frattini, l'UE comptait 18,5 millions d'immigrants légaux en janvier 2006, soit "près de 4 % de la population de l'UE".