Tulipe Noire SuperFemme en action
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| Sujet: Claude Lévi-Strauss, un homme contre le désordre de la pensé Mer 4 Nov - 14:30 | |
| Claude Lévi-Strauss, un homme contre le désordre de la pensée Le célèbre anthropologue s'est éteint le 31 octobre, à l'âge de 100 ans. Le quotidien suisse Le Temps lui rend hommage, expliquant que son œuvre reste comme "un modèle de rigueur et d'audace intellectuelle", empreinte de poésie et de retenue. AFP Claude Lévi-Strauss dans son bureau du Collège de France, en juin 2001. Il n'est pas facile d'aller voir ailleurs, chez les autres, là où les coutumes ne ressemblent pas aux nôtres. Claude Lévi-Strauss y est allé. Il n'a pas caché que c'était une souffrance. Il l'a écrit d'une plume exigeante dans Tristes Tropiques [éd. Pocket, 2001]. Et il a passé sa vie à essayer de comprendre, de donner une forme intelligible à tout ce qui se dérobe, alors qu'autour de lui, et pas seulement en France, beaucoup de savants et de théoriciens se contentaient de dérouler le fil de l'Histoire, de décrire les intentions, les projets et les actions pour expliquer les événements humains. En étudiant les sociétés lointaines, il a mis en évidence la part d'inconscient qui les régit, l'interdépendance de ce qui les constitue, le rôle des mythes qui leur permettent d'exister et quelquefois de survivre. Pour Claude Lévi-Strauss, les mythes ne sont ni des mensonges nés de l'ingéniosité humaine, ni des constructions trompeuses au service d'un pouvoir, mais des représentations cohérentes, soumises à des règles, pas à la fantaisie. Il a cherché à en percer les secrets avec opiniâtreté, avec une part de poésie. L'histoire humaine semble obscure, chaotique, livrée au hasard et au caprice de forces insaisissables. La première des tentations est d'opposer à ce chaos la peur et les idées simplistes, de ne s'appuyer que sur ses propres croyances parce qu'on les croit supérieures. Claude Lévi-Strauss a vécu un XXe siècle traversé par deux conflagrations mondiales, par la croissance inouïe de la population dont il parlait souvent et par la foi aveugle en une science qui pourrait être hors de contrôle. Il n'a jamais renoncé à la volonté de savoir. Il se méfiait des prises de position politiques. Ce n'était pas un intellectuel qui mettait sa signature au bas des pétitions. Mais, à sa manière, dans son rôle de savant dont il connaissait les limites puisqu'il se demandait si l'ethnologie était une science ou un art, il laisse l'exemple d'une pensée qui s'est rebellée, avec patience et sans fracas, contre le désordre apparent du monde | |
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