Développement. Le fabricant Intel met fin à sa politique d’obstruction.
Par Philippe Grangrereau
QUOTIDIEN : lundi 16 juillet 2007
L’«ordinateur à cent dollars», destiné aux enfants des pays en développement, pourrait finalement bel et bien voir le jour. L’association à but non lucratif One Laptop per Child (OLPC), basée à Boston (Massachusetts), qui planche sur le projet depuis 2005, a en effet fini par s’entendre avec son rival commercial, Intel. Le Goliath de l’informatique, qui a lancé un projet parallèle, était sur le point de faire capoter OLPC, qui ambitionne d’équiper des dizaines de millions d’écoliers du tiers-monde d’un «ordinateur à 100 dollars» (lire Libération du 2 juillet). Vendredi, l’un des vice-présidents d’Intel, William Swope, a présenté la volte-face de la multinationale comme un «moyen d’aider davantage d’enfants» des pays en développement.
L’ordinateur bon marché de OLPC, le «XO», utilise pour l’instant un processeur fabriqué par Advanced micro devices (AMD), le principal concurrent d’Intel - qui s’était dès le début déclaré hostile à cette machine au rabais, qualifiée de «gadget». En mai dernier sur la chaîne américaine CBS, Nicolas Negroponte, qui dirige OLPC, s’était violemment élevé contre les pratiques d’Intel. En l’accusant tout d’abord d’avoir dénigré son idée, puis de l’avoir copiée, et aujourd’hui de vendre à perte un ordinateur bon marché, le «Classmate», afin de broyer OLPC. «Intel devrait avoir honte !» s’était-il insurgé. OLPC, qui a besoin d’engranger des millions de commandes auprès de gouvernements du tiers-monde afin de réaliser son pari, était parvenu en 2005 à intéresser nombre de pays, tels le Nigeria, le Brésil et la Thaïlande. Mais le marketing intense d’Intel pour son «Classmate» les avait fait hésiter. En juin dernier, OLPC annonçait à Libération n’avoir plus aucune commande ferme à son actif.
L’annonce inattendue de ce partenariat avec Intel s’est traduite par une contribution de plusieurs millions de dollars de l’entreprise au projet OLPC. En contrepartie, l’association OLPC, dont l’objectif est de «briser la fracture digitale» séparant les pays riches des pays pauvres, sera sans doute amenée à adopter un processeur fabriqué par le géant californien.