La photo faisait la une du quotidien de Montréal « Le Devoir » paru hier 1er mai : une porte de verre taggée à côté d'une vitrine recouverte d'affichettes. Ce pourrait être l'image banale d'une boutique désaffectée, mais il s'agit de la permanence locale de l'UMP, dans le très chic quartier d'Outremont. « Vandalisme à la permanence montréalaise de Sarkozy », titre le journal, qui précise que le moustachu à l'oeil éberlué que l'on aperçoit derrière le tag est François Lubrina, délégué élu UMP au Canada de l'Assemblée des Français à l'étranger. Les affichettes, elles, visent le président de l'UMP lui-même : « Sarkozy, sacre ton camp d'ici », ou « Ni en France ni au Canada, pas de patrie pour les fachos ».
La campagne française passionne nos cousins québécois. « Le Devoir » consacrait hier deux autres articles à l'élection française, le premier consacré à la préparation du débat d'aujourd'hui (« Sérieux et humilité pour l'un, sérénité et expérience pour l'autre ») et le second à la mobilisation de Français du Québec en faveur de Ségolène Royal. Les expatriés de la Belle Province, eux, cultivent leur particularisme. Ils ont davantage voté Royal que Sarkozy, contrairement à ce qui s'est passé aux Etats-Unis. Et les « bayrouistes » du cru penchent à gauche. Le journaliste Eric Clément raconte sur le site Internet de son journal, « La Presse », les confidences du chef du comité de soutien à Bayrou : « Il votera pour la candidate Ségolène Royal, du Parti socialiste, tout comme «un peu plus du tiers» des pro-Bayrou à Montréal. » Les deux autres tiers, eux, voteraient blanc... Il est vrai que les partisans de la Poitevine de coeur comme ceux du Béarnais de souche ont fait front commun contre la permanence de l'UMP, illégale à leurs yeux en vertu de la loi électorale française qui interdit la propagande à l'étranger. Même les militants UMP ont du mal à résister à l'attraction royaliste : leur repère est un restaurant situé... sur le plateau du mont Royal.