Ce mariage invraisemblable à Schaerbeek entre une fillette de 13 ans et un homme de bientôt 24. Selon nos infos, le couple s’était vu exactement deux fois avant la cérémonie. D’abord, l’enquête soupçonnait la mère de l’avoir organisé. En fait, l’initiative venait de la grande sœur qui n’en était pas à son coup d’essai : elle s’était déjà servie de sa petite sœur pour lui demander d’aller pointer au chômage à sa place.
La fillette a voulu protéger son mari. Tout un temps, elle a prétendu qu’elle ne le connaissait pas, puis qu’elle n’avait pas vécu avec lui et qu’ils ne s’étaient même jamais revus après l’hôtel de ville. Mais la police a trouvé leur photo de mariage. Devant l’évidence, le mari, Abdelhalim Hasni, reconnaît maintenant que le couple a vécu dix mois ensemble.
Il est en aveux sur des abus sexuels. Directeur de la communication au parquet de Bruxelles, le 1er substitut, Jos Colpin, indique que l’affaire du mariage de Schaerbeek fait l’objet d’une instruction pour viol sur mineure de moins de 14 ans ; la juge en charge est Mme Sonia Sosnowski.
C’est ainsi que l’affaire commence. Norah, l’aînée, ne cesse de voyager. France, Grande-Bretagne, Espagne. En mai 2004, Norah, 23 ans, propose à sa petite sœur d’aller pointer au chômage à sa place.
À 12 ans, elle pointe pour sa sœur au chômage
Fatima n’a encore que 12 ans. Pour ce faire, il lui faut des papiers d’identité au nom de l’aînée. Car Norah qui voyage a bien sûr besoin des siens.
La fillette se présente à la commune de Schaerbeek, se fait passer pour l’aînée, déclare au nom de Norah la perte de sa carte d’identité, obtient un duplicata au nom et avec la photo de sa sœur, et va pointer à sa place. L’aînée, pour la remercier, lui donne 20 € par mois. Et sa mère ? 5 euros d’argent de poche, pour ses cigarettes. Et cela roule comme sur des roulettes. Au chômage, tout le monde n’y voit que du feu.
En juin, Fatima a 13 ans. En juillet, sa sœur lui propose maintenant de se marier à sa place. La petite éclate de rire. Mais Norah est sérieuse. Elle insiste : “Fais-le pour me rendre service”. Et le projet se met en place.
Fatima dit qu’elle n’a jamais su si sa sœur avait reçu de l’argent ni combien. Place Liedts, on nous assure qu’un mariage blanc, c’est 10.000 € minimum.
En séjour illégal, Abdehalim Hasni provient de Casablanca. En Belgique depuis 2001, il est caissier dans une boutique de vêtements.
Ce n’est même pas lui mais la petite qui va à sa rencontre. La grande sœur lui a indiqué comment procéder : “Tu descends place Liedts à l’arrêt du tram 90, tu entres au numéro XXX et tu dis seulement que t’es Norah.”
Effectivement, tout le monde dans le magasin n’attend qu’elle. Ils ne se verront qu’à deux reprises avant le mariage le 13 octobre, la première fois en septembre. La seconde, la mère accompagne sa fille.
Le mariage est célébré par l’échevin Bernard Guillaume. Abdelhalim est venu chercher sa petite fiancée et sa mère en voiture. La grande sœur se garde bien de se montrer. Il y a deux témoins, deux hommes que l’enfant n’avait jamais vus. On parle d’une fête mais Fatima prétend qu’après la cérémonie, son mari l’a tout de suite ramenée chez elle et que le couple ne s’est pas revu.
Aujourd’hui, le mari confirme l’existence d’une vie intime. Et Fatima ne cherche plus à nier. Selon elle, son mari, qui ne pensait d’abord qu’à obtenir ses papiers indispensables en Belgique, a vite fait clairement comprendre à son épouse de 13 ans et 4 mois qu’un simple mariage blanc ne lui suffisait plus, et qu’il voulait faire sa vie avec elle. Cet homme en séjour illégal depuis cinq ans tenait, hier, la caisse d’une boutique de vêtements.
Gilbert Dupont - Dernière Heure Belgique