Une joueuse de football musulmane a été expulsée, le week-end dernier, du terrain de sport dans la banlieue de Montréal. Pour l’arbitre, le port du voile constitue un danger.
Le port du hijab a fait coulé beaucoup d’encre en France et c’est au Canada, cette fois-ci, que la polémique reprend. C’est sur un terrain de sport qu’un arbitre a pris la décision, dimanche 4 mars à Laval (dans la banlieue de Montréal), d’exclure Asmahan Mansour, 11ans, qui s’apprêtait à jouer dans un tournoi de football junior. Mobile : elle a refusé catégoriquement d’enlever le foulard comme il le lui avait ordonné. Et pour cause, cette Ontarienne, joueuse de soccer, n’y était pas contrainte lors des deux derniers matches qu’elle avait disputés. Pour la Fédération internationale de football, seuls les objets pouvant présenter un risque pour la sécurité sont interdits sur les terrains de jeux. Le fait d’avoir assimilé le port du hijab à un danger a donné à cette affaire les dimensions d’un véritable scandale dont les échos ne se sont pas fait attendre. Effet immédiat d’abord : celui de l’entraîneur de l’équipe où joue la jeune musulmane qui n’a pas hésité à se retirer complètement du tournoi. «Le message que l'on envoie est qu'une fille musulmane ne peut pas faire du sport comme tout le monde. (...) Jamais de la vie, elle n'enlèvera son hijab, puisque c'est sa religion», a-t-il déclaré au Journal de Montréal.
Tout aussi opposées que cet entraîneur à la décision d’expulsion, des équipes de football du Québec et de l’Ontario se sont retirées de la compétition, pour témoigner leur solidarité. Un acte soutenu par le Conseil musulman de Montréal qui s’est exprimé à ce sujet en soulignant son profond regret vis-à-vis de la décision de l’arbitre, mais aussi des déclarations faîtes par le Premier ministre québécois, Jean Charest. Ce dernier a estimé que l’arbitre, lui aussi de confession musulmane, avait rempli sa mission en faisant appliquer les règles sportives. L’interdiction explicite du hijab n’est pas clairement indiquée dans le règlement de la FIFA. Mais, la Fédération québécoise de soccer a déclaré que : «l’arbitre a considéré que le port du hijab pouvait constituer un danger pour la sécurité de la jeune fille et de ses adversaires». Cette fédération interdit implicitement le port du hijab pour toute joueuse prenant part à l'action sur le terrain. Ce qui ne fait qu’attiser la polémique autour non seulement du port du hijab, mais des «accommodements» tolérés dans le cadre de la pratique des différentes religions au sein du Canada. La presse s’est, bien entendu, attardé sur le sujet pour permettre à l’opinion publique de donner son avis. Le quotidien «Ottawa Citizen» n’a pas eu peur de se prononcer clairement en insistant sur le fait que le hijab ne peut pas présenter un risque sur un terrain de soccer. Et de préciser que les joueuses qui le désirent devraient le porter, en principe, sans problème, puisqu’«une interdiction générale des couvre-chefs peut, comme on le voit, transformer un traitement égal en règle discriminatoire». Si l’on applique cette interdiction, indique la même source, les Musulmanes pratiquantes de ce sport seront toutes exclues. Loin de dénoncer un excès de zèle ou de douter de la bonne foi de l’arbitre, «Ottawa Citizen» se limite à soulever les répercussions que pourraient avoir des décisions pareilles.
Il faut souligner, également, que lors des derniers Jeux asiatiques, organisés au mois de décembre dernier, le port du hijab n’a pas été interdit. Le port du hidjab a été permis aux derniers Jeux asiatiques en décembre. Pour la FIFA, «s'il est important de se montrer sensible à la pensée et à la philosophie des autres, il faut aussi s'assurer que tout le monde adhère aux mêmes règles dans la pratique du sport».