Connaissez-vous le vrai parfum de Paris ?
Par Alexandra Michot Publié le 10/04/2013 à 09:18 FIGARO
La ville lumière a toujours stimulé l'imaginaire des créateurs de parfums.
Il inspire des bougies. Cuir de sac à main, pavé mouillé… À chacun son odeur.
La capitale a beau abriter bon nombre des plus fameux parfumeurs, elle laisse rarement un souvenir olfactif impérissable. Au contraire, si l'on en croit les Parisiens et les touristes, la Ville Lumière ne sentirait pas la rose. D'où vient alors cette subite floraison de bougies parfumées s'inspirant de «l'air de vivre» parisien? Le «made in Paris» étant à la mode, on devine que les créateurs de bougies ont senti là le bon filon marketing.
Citons, parmi tant d'autres, les bougies Air de Paris et Air du Parisien, distillées par le fameux concept store Colette, mariage séduisant mais pas très urbain de cassis, jasmin, musc et figue. Chez Ladurée, qui a lancé en fin d'année dernière des bougies parfumées associées à différentes villes chères à la maison (Londres, Tokyo, New York), Paris aurait dû avoir l'odeur du pain grillé et des viennoiseries. Las, le résultat fut décevant. La tubéreuse, odeur très haute couture de la Parisienne, fut finalement choisie.
Les senteurs du métro
Si l'on hume la bougie «Week-end à Paris» d'Inès de la Fressange, en revanche l'odeur de la capitale se concentre dans un sac à main, et sent le cuir et le parfum du rouge à lèvres. Dans sa bougie «Paris sous la pluie », Marianne Guédin, tenté de capturer l'odeur minérale et un peu salée qui se dégage des pavés chauffés au soleil quand éclate un orage d'été. Pour Astier de Villate, le nez Françoise Caron aime à raconter des histoires. Sa bougie Opéra, aux notes de miel et de cire, parle des ruchers perchés sur le toit et du plancher de bois de la scène, tandis que la «rue Saint-Victor» (Ve) évoque l'odeur des livres qu'on associe à ce quartier littéraire.
Le «made in Paris» étant à la mode, les créateurs de bougies ont apparemment senti là le bon filon marketing.
«Souvent, quand on évoque l'odeur de Paris, on a tendance à faire confiance à son regard», note le nez Céline Ellena, issue d'une grande famille de parfumeurs. Ayant vécu vingt ans à Paris, elle a souvent décortiqué dans son blog «Chroniques olfactives» les odeurs de la capitale. «Paris ne sent pas mauvais, assure-t-elle. Les notes de parfumerie à la française dominée par le jasmin, la rose, flottent toujours dans l'air et devant les salles de spectacles. On y capte aussi des odeurs de nourriture (celle des crêpes qui remontent les escaliers de Montmartre) et celles moins agréables des crottes de chien. En été, des odeurs de sable émanent de la pierre des immeubles haussmanniens tandis que quelques notes de vase s'échappent de la Seine»
La jeune femme s'amuse aussi des odeurs différentes selon les quartiers, selon qu'on y mange, qu'on s'y balade ou qu'on y travaille. Idem avec les lignes de métro: «La 2, qui traverse des quartiers populaires a un côté épicé, tandis que la 1, très empruntée par les hommes d'affaires sent l'odeur minérale du déodorant le matin et le café froid le soir». Paris sent-il? Absolument, et hélas moins bon à hauteur d'enfant…
Les senteurs du château de Versailles
Si bon nombre de lieux, dont plusieurs palaces, ont leur signature olfactive, le château de Versailles ne s'était jamais laissé emprisonné dans la cire marketing d'une bougie parfumée. Il fallait un nez et un travail à la hauteur du site. C'est à Cécile Zarokian, créatrice de parfums sur mesure, et à Rodolphe Borgniet, fondateur de Made in Paris, qu'il est revenu d'imaginer une gamme exclusive de huit bougies parfumées, signées et inspirées par le château de Versailles. «Nous n'avions pas de contraintes particulières, raconte Cécile Zarokian. Simplement, tous les appartements privés, chaque pièce et recoin du parc nous ont été ouverts, afin de nous imprégner totalement du site. Ce sont les émotions ressenties, les effluves perçus et un gros travail de documentation historique qui nous ont inspirés pour créer le parfum de la galerie des Glaces, du potager de la Reine…» En revanche, elle aurait du mal à donner une odeur à Paris. «C'est trop vaste, trop riche. Il faudrait préciser un lieu, une époque, trouver une histoire à raconter.»
Selon l'heure...le matin le pain chaud, dans certains quartiers le soir le café froid....tout un poème....ça ne se vit pas ! non ça se sent...au figuré comme au présent Paris!