Le séisme du 16 juillet relance le débat sur le nucléaire au Japon
LE MONDE | 18.07.07 | 15h54 • Mis à jour le 18.07.07 | 15h54
TOKYO CORRESPONDANT
En dépit des assurances données au départ par Tokyo Electric Power (Tepco) sur la résistance de sa centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa au séisme survenu, le 16 juillet, dans la région de Niigata, l'enquête menée par la suite a révélé une cinquantaine d'anomalies et de dysfonctionnements. Le ministère de l'économie et de l'industrie a décidé de maintenir à l'arrêt les sept réacteurs de la plus puissante centrale nucléaire de l'Archipel jusqu'à ce que des vérifications poussées aient été faites.
Le ministre, Akira Amari, a réprimandé Tepco pour son retard à prendre la mesure des dommages. Une inefficacité, reconnue par le président de Tepco, qui risque de raviver les craintes nourries dans l'opinion sur les risques présentés par le nucléaire dans un pays soumis aux séismes et sur le manque de transparence du secteur. "On ne peut faire fonctionner des centrales nucléaires qu'avec la confiance de la population", a déclaré le premier ministre, Shinzo Abe. "Cette fois, l'alerte a été donnée trop tardivement."
Outre un petit incendie et une légère fuite de 1 200 litres d'eau radioactive dans la mer - jugée "sans risque" par Tepco -, qui furent signalés, lundi, l'entreprise a reconnu, le lendemain, que des substances radioactives avaient été libérées dans l'atmosphère. Elle vérifie si le renversement d'une centaine de fûts (sur 22 000) contenant des déchets et du matériel faiblement irradiés, dont certains se sont ouverts, a eu des conséquences dangereuses.
Au-delà de l'inventaire des dommages subis par la centrale, se posent des questions pour l'avenir. L'Agence de météorologie estime qu'une faille au large de la côte arrive désormais jusque sous la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, installée sur le rivage. Or une des conditions préalables à sa construction était de ne pas être située sur une faille. En outre, si des centrales plus récentes sont bâties dans l'hypothèse de séismes d'une magnitude supérieure à 7 sur l'échelle de Richter, dans son cas, la référence de résistance a été une secousse d'une magnitude maximale de 6,5. Or le séisme de lundi a été de 6,8. L'évaluation de la résistance de la centrale aux séismes se pose donc aujourd'hui en des termes différents de ceux qui prévalaient lors de sa construction.
Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 19.07.07.