http://www.liberte-algerie.com/actualite/quand-loccident-exporte-ces-terroristes-2623Eddy, Marie, Germaine… ces européens et américains qui rejoignent les groupes islamistes armés
Quand l’Occident exporte ces terroristes
Près de vingt ans après les attentats perpétrés par le GIA en France, le monde assiste au phénomène inverse avec un Occident alimentant des pays musulmans en “jihadistes” dont certains sont des Européens et des Américains de souche. Les uns partent en solo, les autres en groupe, voire en famille, comme s’ils allaient juste prendre part à une kermesse dominicale. Qui sont-ils ? Qu’est-ce qui les motive ? Comment sera géré leur retour, pour ceux qui reviendraient en vie ?
Nous sommes le 25 juillet 1995. Le RER parisien est la cible d’une attaque du GIA algérien qui a fait 8 morts et 117 blessés. Cette attaque, attribuée au réseau de Khaled Kelkal, donne le coup d’envoi, dans l’Hexagone, à une série d’actions subversives qui vont durer l’été et l’automne de cette même année. Une décennie après, le 11 mars 2004, en Espagne, 10 bombes explosent dans 4 trains à Madrid faisant 191 morts et 1 900 blessés.
Ce carnage, qui met le royaume et toute la communauté internationale en émoi, est revendiqué par une filière marocaine d’Al-Qaïda. La haine et la bêtise traversent la Manche, et le 7 juillet 2005, trois attentats suicide ciblent le métro de Londres, alors qu’un quatrième cible l’un des autobus à impériale. On dénombre 56 morts et 700 blessés. L’œuvre est de 4 musulmans britanniques affiliés à Al-Qaïda en Irak.
Il s’agit, ici, d’actes terroristes, d’une liste non exhaustive, menés par des filières ou des excroissances de groupes terroristes installés dans les pays musulmans.
Déjà, à ce stade, les stratèges occidentaux découvrent que des partis islamistes, qui activaient dans les pays musulmans et auxquels ils assuraient les bases arrière, n’étaient que des groupes terroristes.
Il a fallu que le GIA et autres Al-Qaïda sèment la mort et la désolation sur leurs propres territoires pour que les pays occidentaux se rendent à l’évidence. Les pays chantres des droits de l’Homme et de la démocratie, à l’ombre de la guerre froide, ont servi, des décennies durant, de tribunes et de tirelires à des fous d’Allah.
Tiguentourine et Printemps arabeLe 16 janvier 2013, un autre tournant est atteint. L’opinion internationale découvre que l’un des trois Canadiens partis dans le Sud algérien pour tuer les “impies” européens, américains et asiatiques, n’est autre qu’un Canadien de souche, alors qu’un deuxième est d’origine européenne, un Grec. Au même moment et depuis 2011, année du déclenchement de ce qui est appelé Printemps arabe, ils sont près d’un millier de jihadistes venus d’Europe et des Amériques, en terres musulmanes, combattre aux côtés des groupes islamistes radicaux.
L’Occident apprend, et à ses dépens, qu’il est devenu un exportateur de terroristes ! Le profil de ces jihadistes issus du Nord est loin d’être homogène. L’idéologue endoctriné côtoie le révolutionnaire romantique et l'adolescent en perte de repères identitaires. Ils sont Français, Belges, Allemands, Danois, Canadiens, et ils partent au jihad en solo, en groupe et même en famille. Aux côtés des Européens et Nord-Américains de souche se trouvent des jeunes d’origine musulmane, mais qui n’ont, souvent, de lien avec leur pays d’origine, que les nom et prénoms qu’ils portent. Ils ne sont ni beurs ni migrants, juste le produit d’un échec des politiques socioéconomiques du monde développé. Le basculement de cette jeunesse est l’un des dommages collatéraux d’une guerre froide durant laquelle l’islam politique a été manipulé par les puissances occidentales pour en découdre avec l’ours soviétique. Il est, aussi, la conséquence d’une démarche stratégique pas toujours claire de l’Occident vis-à-vis de la chose politique dans le Sud. Vus sous un angle caricatural, ces jihadistes, en fin de compte, ne font que combattre un mal contre lequel leurs propres pays mènent une guerre à coups d’hommes et de douloureuses coupes budgétaires.
Aujourd’hui, une fois au front, des jihadistes découvrent que la guerre sainte n’est qu’une illusion. Au risque d’être pris pour des traîtres par leurs “émirs”, ils cherchent la première occasion pour rentrer au pays. D’autres jihadistes découvrent, avec les revers subis en Syrie, en Irak…, que l’acte révolutionnaire n’est pas un rêve, mais une aventure qui peut mener à la mort. Eux aussi seront, pour ceux qui survivront, un jour ou l’autre, de retour dans leurs pays.
Face à cette situation, l’Occident s’organise afin d’essayer d’arrêter cette exportation de jihadistes et de gérer le retour de ceux qui sont déjà partis. L’heure de récolter ce que la bêtise des politiques occidentaux a semé, a sonné. L’Algérie a été embrasée, surtout par les anciens afghans de retour au pays. Un enseignement qui ne semble pas échapper aux services occidentaux.
Liberté, 17.11.2014