La Passion du Christ revécue: 19 Philippins "crucifiés&

CUTUD (Philippines)(AFP) - Dix-neuf personnes ont été "crucifiées" dans les très catholiques Philippines lors des cérémonies du vendredi saint qui donnent traditionnellement lieu à une mise en scène aussi macabre que réaliste de la Passion du Christ.

Les 19 "Kristo", contre on les surnomme, ont commencé leur calvaire en portant leur croix sous le soleil cuisant de Cutud, au nord de Manille, ou du village voisin de Santa Lucia.


Pour les accompagner le long de leur parcours, des hommes s'étaient déguisés en légionnaires romains tandis que des dizaines de fidèles encagoulés, baptisés "magdarene", se flagellaient le dos, vite transformé en plaie géante. Arrivés en haut d'une colline, les martyrs sont cloués sur la croix à l'aide de pieux d'une douzaine de cm enfoncés à travers leurs paumes, déclenchant leurs cris de douleur, sous les regards horrifiés ou très intéressés de centaines de touristes. Les clous sont auparavant désinfectés à l'alcool afin d'éviter toute infection, a précisé un responsable municipal de Santa Lucia.

Les "Kristo" restent "crucifiés" dix minutes maximum, avant d'être redescendus de la croix. A Cutud, des civières les attendaient pour les emmener se faire soigner. A Santa Lucia en revanche, ils devaient marcher juqu'au centre médical le plus proche.

Une fois soigné, nombreux sont ceux qui recommencent. Ruben Enaje, 46 ans, en est à sa quinzième année. Il avait décidé de se "sacrifier" après avoir eu la vie sauve malgré sa chute d'un immeuble.

"C'est un serment", explique Danilo Ramos, qui effectue sa douzième "crucifixion". Sa première, il l'avait faite à 15 ans, après l'hospitalisation de sa mère pour une crise cardiaque. Il ne dira cependant pas si ses souffrances ont amélioré l'état de santé de sa mère.

Jusqu'à présent, aucun "Kristo" n'a craqué avant de se faire clouer sur la croix, mis à part un Britannique l'an dernier qui avait rebroussé chemin à la dernière minute. Depuis, plus aucun étranger n'est autorisé à participer.
Cette Passion du Christ a lieu depuis une vingtaine d'années aux Philippines. Elle n'est pas reconnue par l'Eglise et nombre d'opposants dénoncent une attraction pour touristes.

"Cela n'a rien de solennel. Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais", regrette une sexagénaire venue de Manille, Virgie Valencia, se plaignant des nombreux vendeurs à la sauvette offrant chapeaux, éventails ou boissons fraîches.

"Je m'attendais à quelquechose d'horrible mais ce n'est que du spectacle", lance Toby, un Allemand venu avec un groupe d'amis.
Environ 80% des 84 millions de Philippins sont catholiques. Le gouvernement est cependant officiellement opposé à la pratique mais sans l'interdire.