Les Québécois n’ont qu’à «ouvrir les rideaux»
Selon Claude Béchard, la hausse tarifaire de 2,9 % est une sorte de mesure d’économie d’énergie.
Les Québécois n’ont qu’à «ouvrir les rideaux» pour voir clair et à abaisser le chauffage s’ils veulent neutraliser la nouvelle hausse des tarifs d’électricité. C’est ce qu’a suggéré le ministre responsable d’Hydro-Québec, Claude Béchard, hier.
À son avis, la hausse tarifaire de 2,9 %, la sixième en quatre ans obtenue par Hydro-Québec, est une sorte de mesure d’économie d’énergie.
«Ça peut faire en sorte qu’ouvrir les rideaux et abaisser la température des maisons de deux degrés quand on n’est pas là durant huit heures, on ne verra pas d’augmentation sur nos comptes», a-t-il dit le plus sérieusement du monde à son arrivée à la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à l’Assemblée nationale, hier matin.
«Il n’y a personne qui souhaite un gel tarifaire», a-t-il ajouté, satisfait de cette nouvelle victoire d’Hydro-Québec devant la Régie de l’énergie du Québec.
Depuis l’élection des libéraux, les tarifs d’électricité ont augmenté deux fois plus vite que l’inflation: 16,7 % en quatre ans, soit une moyenne supérieure à 4 %. Chaque année, Hydro-Québec demande des augmentations et, six fois, la RÉQ a acquiescé.
Mardi soir, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a fait un lien entre l’augmentation des tarifs d’électricité et les dépenses du gouvernement. «Je prévois, dans mes dépenses, justement de hausser les budgets de l’éducation et de la santé, parce qu’il y a des hausses de coût, que ce soit des hausses salariales», a-t-elle dit.
Son collègue Béchard nie que le gouvernement fasse pression sur la Régie pour qu’Hydro-Québec obtienne des hausses tarifaires année après année. «Il n’y a pas de commandes qui sont passées», dit-il.
Selon le porte-parole du PQ en matière énergétique, Sylvain Gaudreault, le ministre Béchard est «simpliste» et ses propos sont «près du mépris».
«Ouvrir les rideaux et abaisser le chauffage? J’aimerais bien le voir dire ça aux gens du secteur manufacturier, aux gens à faible revenu qui vivent dans des logements mal isolés. Il dit favoriser l’économie d’énergie, mais les gens ont de la difficulté à voir ce qu’ils consomment avec les factures d’Hydro-Québec. La vérité, c’est que le gouvernement fait de la gestion à la petite semaine. C’est imprévisible et personne ne peut planifier ses dépenses», a mitraillé le député de Jonquière.
Selon M. Gaudreault, le gouvernement Charest reprendra d’une main les baisses d’impôt qu’il a données de l’autre. «C’est une taxe déguisée, les gens n’en sont pas dupes», a-t-il ajouté.
Chez Québec solidaire, on trouve aussi le ministre Béchard un peu «désinvolte». On dit oui à des mesures d’économie d’énergie, mais non à l’augmentation abusive des tarifs. «L’électricité est un bien collectif qui doit demeurer bon marché», affirme Serge Roy, porte-étendard de QS à Québec. Nous n’avons pu obtenir les commentaires de l’ADQ.
Ben coudonc