Incroyable que de nos jours en France, il se passe encore de telles choses !
L'esclavage moderne en procès
Sonya, 16 ans, tremble pendant le rappel des faits, hier au tribunal de Bobigny. A ses côtés, sa mère, les yeux embués, peine à s'exprimer. « Ces personnes ont été niées », résume le procureur. Face à elles, Zohra et Laurent, un couple d'amis devenus leurs bourreaux. Le 3 novembre 2004 à Bondy (93), un voisin aperçoit sur le balcon du couple une femme recroquevillée, enfermée dehors en chemise de nuit. La police découvrira que, pendant huit mois, cette femme de 38 ans a été frappée, séquestrée, privée de ses papiers, de sa Carte bleue, de douche, parfois contrainte à dormir sur le balcon
et à s'uriner dessus. Sa fille, alors âgée de 14 ans, aurait aussi été violentée quand elle avait de mauvaises notes. « Mais pas comme un chien. C'est juste qu'il faut l'éduquer », se justifie Laurent, un militaire.En 2003, quand la mère de Sonia perd son emploi, elle est ravie de l'hébergement que lui propose Zohra. Mais à son retour d'Amiens, où elle est partie travailler quelques mois en laissant à son amie le soin de s'occuper de sa fille, les choses se gâtent. « La situation a tourné à l'esclavage », dit leur avocat, qui explique que ni la mère ni la fille n'ont pu en parler à cette époque en raison de la terreur exercée et parce que « l'atteinte à la dignité peut conduire à l'abolition de la volonté ». Confrontés aux preuves, aux traces de coups, Zohra et Laurent nient tout. Même l'enfermement sur le balcon<2009>? Un simple « oubli », puis quelques minutes plus tard, un début de justification par « un manque de confiance » en la mère. Un tout début d'aveu dont n'avait pas besoin le procureur pour se faire son idée. Il demande quatre à cinq ans de prison pour le couple dont trois avec sursis. Le jugement a été mis en délibéré au 4 avril.